Pour une campagne contre le réarmement, les guerres et l’impérialisme

par Gippò Mukendi Ngandu

Nous entrons dans une nouvelle ère. Le retour de Trump à la Maison Blanche est si perturbateur qu’il provoque la crise historique des relations transatlantiques telles qu’elles se sont formées après la Seconde Guerre mondiale. La nouvelle administration républicaine et réactionnaire vise à exploiter la nouvelle situation de « chaos géopolitique » pour relancer le rôle des États-Unis d’Amérique par un tournant autoritaire, fondé sur l’alliance avec les grands capitalistes Hi-tech comme Elon Musk, et par une nouvelle politique étrangère qui met au centre l’intérêt national impérialiste.

Face à ce contexte inédit, les chefs d’État européens accélèrent leur course aux armements. Von der Leyen a promis 800 milliards pour l’UE, l’Allemagne a annoncé un plan titanesque de 900 milliards d’euros, en France une augmentation massive du budget de l’armée française à au moins 90 milliards par an est attendue, tandis que dans notre pays les dépenses prévues de 32 milliards augmenteront de manière exponentielle.

Le militarisme croissant est justifié par la propagande de guerre contre la « menace russe “ et la rhétorique sur les ” valeurs européennes “ et la ” démocratie ». La réalité est tout autre. En critiquant la brutalité de Trump, les puissances européennes, qui soutiennent le génocide à Gaza, agissent avec la même logique impérialiste que le dirigeant américain, c’est-à-dire qu’elles se préparent à défendre leurs intérêts et ceux de leurs entreprises avec des fusils et des canons.

Militarisme, nationalisme et montée de l’extrême droite réactionnaire

Cette course incessante aux armements ouvre la voie à un désastre pour les classes populaires, la jeunesse, l’environnement. Pour financer le réarmement et imposer leur agenda militariste, les gouvernements de l’UE se préparent à des attaques toujours plus brutales contre les conditions de vie des classes exploitées, à un recul des politiques de défense de l’environnement et à une remise en cause des droits démocratiques.

C’est précisément dans ce contexte que l’extrême droite réactionnaire progresse et, là où elle ne gagne pas, conditionne de plus en plus les classes dirigeantes bourgeoises, aux États-Unis comme en Italie, en Israël comme en Argentine, en Russie comme en Turquie, en Hongrie comme en Inde, en France comme en Allemagne. C’est une extrême droite qui ne cache pas sa « volonté de puissance », qui se moque même des formes typiques des démocraties libérales « bourgeoises » et qui fait de l’autoritarisme et de la centralité du chef le cœur de sa politique. Il s’agit d’une extrême droite de plus en plus courtisée par de vastes secteurs de la bourgeoisie, car elle la considère comme une solution politico-idéologique viable, capable de contrôler les mouvements de masse d’une main de fer, en imposant des ajustements et des expropriations brutales dans le but de récupérer les profits.

La rhétorique impérialiste agressive de Trump, visant la conquête du Groenland, la reprise du canal de Panama et l’annexion du Canada doit être interprétée dans le cadre de cette réorientation, même si elle se réfère à certains traits historiques de l’impérialisme américain classique comme la doctrine Monroe ou des présidences républicaines historiques comme celle de William McKinley, caractérisée par le protectionnisme et l’expansion territoriale des États-Unis (Porto Rico, Philippines…). La grande différence est que l’expansion impérialiste de McKinley a coïncidé avec le moment de la montée en puissance des États-Unis, alors que les menaces de Trump sont une certaine reconnaissance des limites de la puissance américaine et se produisent dans un contexte de déclin. La montée de Trump est, en fait, un symptôme d’une nouvelle situation internationale, dans laquelle nous assistons à l’émergence de la Chine en tant que puissance concurrente, de plus en plus orientée vers une alliance avec la Russie, ainsi qu’à l’émergence de puissances moyennes telles que la Turquie et d’autres pays du « Sud global » qui visent à influencer la dynamique régionale en fonction de leurs propres intérêts et qui ne constituent pas du tout une véritable alternative politique et sociale, comme le prétendent inconsidérément certains secteurs de la gauche radicale italienne et européenne. La lutte contre l’extrême droite ne peut qu’adopter un profil internationaliste, antimilitariste et solidaire.

Le bond historique du militarisme européen

La conséquence de cette crise est un saut massif dans le militarisme des gouvernements impérialistes européens, un virage qui avait déjà commencé avant la guerre d’Ukraine mais qui va encore s’approfondir. En justifiant l’« autonomie souveraine », la « défense de l’Ukraine » et le fantasme d’une invasion par l’« impérialisme russe » et le « nazisme de Poutine », les puissances européennes se préparent à se lancer dans une nouvelle course aux armements avec le soutien enthousiaste des conservateurs, des sociaux-démocrates, des verts, des « atlantistes » et des extrémistes de droite.

Gouvernements, entreprises, journalistes et médias répètent à l’unisson des slogans bellicistes qui rappellent les débuts tumultueux du XXe siècle. Il faut défendre l’Europe et ses valeurs, relancer l’industrie militaire, éduquer les écoles à « l’amour de la patrie » et former de nouvelles recrues pour étoffer les armées, voire rétablir le service militaire obligatoire. Les Scurati, les Serra, rejoints par la principale force d’opposition, le Parti démocrate, crient haut et fort que l’Europe est en danger, qu’elle est seule dans un monde hostile et qu’elle doit se réarmer. Tout est de la faute de Trump et de Poutine, pour qui les États-Unis ont abandonné l’Europe et la Russie a des ambitions expansionnistes.

Pourtant, le militarisme de l’UE est antérieur à la guerre en Ukraine.

Dans les années 1970, Ernest Mandel soulignait dans son livre fondateur, Late Capitalism , jamais publié en italien, la nécessité d’étudier « l’économie du réarmement permanent ». Il écrit : « Depuis les années 1930, la production d’armes a joué un rôle de plus en plus important dans l’économie impérialiste. Il n’y a pas l’ombre de quelques signes annonçant la fin de cette tendance. Elle constitue l’une des caractéristiques du troisième âge du capitalisme qu’il faut expliquer à partir du processus de développement socio-économique de ce même mode de production » [Ernest Mandel, Le troisième âge du capitalisme].

L’économie du réarmement permanent n’est pas terminée, même en Europe. Le plan ReArm Europe n’est pas né comme un champignon dans la forêt. Certes, au début de sa construction, l’absence de politique de défense commune a favorisé, dans un premier temps, l’image d’une UE comme espace pacifique, dépourvu d’impulsions militaristes qui appartenaient, au contraire, aux Etats-nations. Cependant, la militarisation des pays de l’UE a commencé bien avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, à partir de 2010. En effet, au sein des pays de l’OTAN, les dépenses militaires, principalement européennes, sont passées de 162 milliards d’euros en 2014 à 214 milliards d’euros en 2022, soit une augmentation vertigineuse de 32% .

L’augmentation des dépenses militaires a été très rapide, notamment dans les pays baltes et les pays d’Europe centrale et orientale (Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Pologne), tandis que certains pays concentrent l’essentiel des dépenses militaires de l’UE : Allemagne, France, Italie, Pologne et Pays-Bas). Ensemble, ces pays représentent 70 % des dépenses militaires de l’UE [Allemagne : 23,4 – France : 20,9 – Italie : 12,1 – Pologne : 6,6 – Pays-Bas : 6,2]. En ce qui concerne les armes sophistiquées, la France est en tête avec 71 % de la production européenne, suivie par l’Allemagne avec 22 %.

Le plan ReArm Europe

La Commission européenne (à l’exception du président hongrois, le « Trumpiste » Victor Orbán) a approuvé le plan « Rearm Europe » de 800 milliards d’euros, exemptant les dépenses militaires des États de la limite de déficit de 3 % du PIB (l’engagement d’austérité prévu par le Pacte de stabilité et de croissance). Le plan prévoit également des prêts collectifs à hauteur de 150 milliards d’euros pour les investissements militaires des États membres, ouvrant le financement militaire à l’investissement privé, entre autres mesures.

En Allemagne, le futur gouvernement de coalition entre les conservateurs (CDU) et les sociaux-démocrates (SPD) dirigé par F. Merz a annoncé un plan de réarmement monumental approuvé par le Bundestag et le Bundesrat – « la défense à tout prix » – impliquant des changements constitutionnels pour débloquer le plafond de la dette et l’allocation de milliards d’euros pour le financement de la défense. Au Bundesrat, le plan a également été approuvé par une majorité de membres de Die Linke de la chambre haute, ce qui a suscité une vive controverse.

Le gouvernement Meloni, qui oscille entre Trump et Von der Leyen, semble prudent. En effet, notre extrême droite avance sa propre proposition spécifique dans le débat sur le plan de réarmement : des fonds publics européens pour garantir les investissements privés dans la défense et l’innovation technologique. Il s’agit d’une proposition supplémentaire qui ajouterait un nouvel instrument à ceux déjà prévus dans le plan ReArm Europe défini par Ursula von der Leyen, dans le but d’encourager les entreprises européennes à investir davantage dans le secteur militaire.

L’Italie, en revanche, est déjà engagée dans une course au réarmement. Rappelons en effet qu’en 2025, les dépenses militaires s’élèveront à 32 milliards d’euros, dont 13 milliards pour les seules armes !

Un nouveau cycle de politiques d’austérité et la relance de l’impérialisme européen

Le réarmement et l’accroissement de l’industrie et du commerce de l’armement dans l’UE visent à augmenter le PIB des Etats membres et à rétablir le taux de profit des entreprises et des investisseurs. Ce réarmement va de pair, et il ne peut en être autrement, avec le renforcement de nouvelles politiques d’endettement qui préludent à un nouveau cycle d’austérité à moyen terme, générant l’imaginaire collectif d’une Europe menacée qui doit répondre selon les vieux paramètres de « l’unité patriotique ». L’UE – et avec elle notre gouvernement qui s’aligne sur l’aile droite représentée par Von der Leyen, Macron, Merz ou Mark Rutte – répond aux problèmes avec la même logique impérialiste que les États-Unis, la Chine ou la Russie. Comme l’écrit l’économiste Brancaccio, « à l’heure où la crise de la dette contraint l’empire américain à réduire sa zone d’influence et à accabler de devoirs ses vassaux, le problème des diplomaties européennes devient le suivant : concevoir un impérialisme autonome, capable d’accompagner la projection du capitalisme européen vers l’extérieur d’une puissance militaire autonome » [Le Manifeste, 13 mars 2025].

Ce sont ces industries d’armement, concentrées dans un petit nombre d’Etats membres, qui ont de plus en plus d’influence sur les choix stratégiques de la Commission.

Elles sont en effet situées en France, en Allemagne et en Italie et leur chiffre d’affaires est loin d’être négligeable. Selon les sources du Sipri (Stockholm International Peace Research Institute), si les groupes américains représentent 50 % du chiffre d’affaires total des 100 premières entreprises mondiales, les groupes européens en représentent 14 % et les groupes britanniques 7 %. Parmi les entreprises européennes, celle qui fait le plus d’affaires est Leonardo, tandis que la deuxième est Airbus, une entreprise franco-allemande. Cette poignée de quelques grands groupes européens domine la production et les commandes publiques dans les États membres et influence la stratégie de la Commission. Claude Serfati rappelle que « le soutien des grands groupes européens par les gouvernements nationaux leur a permis de créer de puissants canaux d’influence au niveau de l’UE (Commission, Parlement européen, etc.). Depuis les années 2000, les dirigeants des principaux groupes européens de défense sont présents dans les groupes de travail mis en place par la Commission. Ces dernières années, le lobbying auprès de la Commission et du Parlement s’est considérablement accru, en lien avec la militarisation de l’UE, même si les groupes de défense européens n’ont pas réussi à influencer la Commission ». [Claude Serfati, Un monde en guerres , Textuel, p. 180].

Si donc de forts contrastes et contradictions subsistent entre les différents pays européens, la guerre et les crises poussent l’UE vers une plus grande intégration militaire sous l’impulsion des entreprises militaires.

Avec le revirement actuel opéré par Donald Trump, la course aux armements est donc inévitable et doit nous inquiéter alors qu’au cours de l’histoire, toutes les courses aux armements en Europe se sont soldées par des tragédies et des massacres. Cette course aux armements sera financée en s’attaquant aux acquis sociaux et en liquidant ce qui reste de l’État-providence. Elle impliquera également des réductions des droits démocratiques et des politiques chères à l’extrême droite, comme la réintroduction du service militaire obligatoire dans certains pays, qui pourraient, dans l’ensemble, réactiver les luttes contre les réductions et les attaques des conditions de vie et les mouvements anti-guerre.

L’Europe forteresse et sécuritaire, partie intégrante du processus de militarisation

Les mesures répressives à l’encontre des migrants font partie intégrante du processus de militarisation en cours. Ce n’est pas un hasard si elles ont connu une croissance exponentielle ces dernières années. En une vingtaine d’années, le financement de l’UE aux pays de l’autre côté de la Méditerranée pour l’externalisation du contrôle et de la gestion des flux migratoires a atteint plus de 130 milliards d’euros. En 2021, Frontex, l’agence chargée du contrôle des flux migratoires en Méditerranée, a reçu un financement sans précédent de 5,6 milliards d’euros, qui sera couvert sur la période 2021-2027, soit une augmentation de 194 % par rapport au cycle budgétaire précédent. Ce financement comprend l’achat de nouvelles armes « létales et non létales ». Il sera difficile de distinguer les premières des secondes.

C’est ainsi que la politique migratoire jette une lumière beaucoup plus réaliste sur le comportement des pays européens que les déclarations de leurs dirigeants sur les « valeurs démocratiques » sur lesquelles reposerait l’intégration européenne.

Le vrai visage de l’Union européenne : l’Europe néocoloniale et raciste du Capital.

Quelle est la crédibilité de l’Union européenne en tant que bastion de la démocratie alors qu’elle n’a pas été capable de cesser de commercer des armes avec Israël alors que ce dernier commet un génocide contre le peuple palestinien ? Quelle crédibilité peut avoir la France qui a pillé et contrôlé l’économie de la plupart de ses anciennes colonies ? Quelle crédibilité peut avoir l’Italie qui défend bec et ongles les méchants tortionnaires qui empêchent les migrants d’atteindre les côtes italiennes ?

Si l’impérialisme classique justifiait ses interventions par la nécessité de civiliser les autres peuples en exportant les valeurs de la culture occidentale. L’impérialisme contemporain, à partir de la guerre d’Irak en 1990, a déclamé l’impératif humanitaire pour ses opérations militaires, les justifiant ainsi par l’objectif de renverser des gouvernements dictatoriaux.

Au fur et à mesure que le chaos géopolitique s’aggravait et que la confrontation inter-impérialiste s’intensifiait, ces objectifs n’ont pas disparu. Aujourd’hui, l’UE fonde sa rhétorique belliciste sur la paix et la démocratie. Ce n’est pas seulement répugnant, c’est aussi profondément fonctionnel pour un projet qui veut renforcer l’Europe coloniale et raciste du capital et qui alimente l’élan de l’extrême droite. Quel que soit leur mode de financement, les plans de réarmement de l’UE ne profiteront qu’aux grands capitalistes, aux marchands de mort qui se frottent déjà les mains de l’augmentation de la valeur de leurs actions. Quel que soit leur financement, les plans de réarmement s’accompagneront d’une restriction des droits politiques à l’intérieur des pays.

Dénoncer la fausse « pax trumpiste

Lutter contre la guerre, le militarisme et les impérialistes, c’est aussi dénoncer la fausse paix proposée par Trump. Le président américain réélu a radicalement changé la position de son pays sur la guerre en Ukraine. Les États-Unis sont passés de l’armement de l’Ukraine et des principaux alliés de l’OTAN à l’ouverture de négociations bilatérales de cessez-le-feu directement avec Vladimir Poutine, en excluant ses anciens alliés – les puissances européennes et Zelensky lui-même – des discussions.

Le message de Trump est catégorique et relève plutôt du chantage : soit Zelensky (et ses alliés européens) acceptent les conditions négociées par Poutine pour un cessez-le-feu, soit les États-Unis se retirent. Les négociations sont en cours, voire commencent à peine. Bien que les détails de la première réunion entre la Russie et les États-Unis à Riyad ne soient pas connus, tout accord entre les deux présuppose que l’Ukraine reconnaisse sa défaite, ce qui implique au minimum d’accepter la perte de 20 % du territoire occupé par les Russes (les quatre régions autonomes du Donbass plus la Crimée) ; et qu’elle se déclare neutre en renonçant à sa demande d’adhésion à l’OTAN (et à l’UE). Poutine, quant à lui, a posé comme condition la tenue d’élections en Ukraine sans Zelensky, préconisant son remplacement par un gouvernement pro-Kremlin.

En outre, Trump exige que Zelensky signe un accord pour l’exploitation des minéraux et des terres rares, en vertu duquel les États-Unis conserveraient la moitié de ces ressources à titre de compensation pour l’aide militaire reçue. Il convient de rappeler que c’est Zelenski lui-même qui, le premier, a proposé à Trump cette transaction pratiquement coloniale, espérant obtenir en retour une garantie de sécurité de la part des États-Unis, ce qui n’arrivera manifestement pas.

Le temps semble jouer en faveur de Poutine qui, avant d’accepter un cessez-le-feu, cherchera certainement à consolider et peut-être à étendre ses progrès sur le champ de bataille, et à garantir certaines « lignes rouges » pour le Kremlin, notamment la neutralité de l’Ukraine, qui comprend la démilitarisation de l’État ukrainien, une zone tampon et l’assurance qu’il n’y aura pas de troupes de l’OTAN.

Le sort de l’Ukraine, meurtrie par trois années de conflit, devient donc un butin disputé entre les États-Unis et la Russie, les puissances européennes réclamant, pour l’instant malencontreusement, leur part. L’autodétermination du peuple ukrainien ne peut s’affirmer à travers le faux plan de paix convenu entre Trump et Poutine, mais seulement à travers un vrai cessez-le-feu qui débouche sur la mise en place de vraies discussions impliquant tous les acteurs sur le terrain, à commencer par les Ukrainiens.

Pour une mobilisation européenne unie contre la militarisation en cours – Stop Rearm Europe !

Face aux nouveaux scénarios de plus en plus sombres, il est plus que jamais urgent de pousser à une mobilisation européenne unie contre la militarisation. C’est pourquoi nous adhérons avec une ferme conviction à l’appel « Stop Rearm Europe – welfare, not warfare », lancé entre autres par Transform Europe, le Transnational Institut, l’Arci et Attac Italia.

Nous le ferons en tant qu’internationalistes et éco-socialistes, en mettant au centre la bataille contre cette Europe néocoloniale et impérialiste du Capital, pour une autre Europe, celle nécessaire et indispensable que nous voulons, une Europe des travailleurs, solidaire, pacifique et antiraciste, mettant au centre l’autodétermination des peuples.

C’est précisément pour cette raison que nous le ferons, sans jamais oublier la solidarité anticoloniale avec des luttes telles que celle du peuple palestinien face au génocide sioniste, afin que l’autodétermination du peuple kurde et du Rojava soit reconnue. Il est clair que la classe dirigeante n’a d’autre plan que d’accélérer les crises ouvertes : un plan basé sur l’investissement dans les « moyens de destruction » de la vie et de la planète, pour défendre les intérêts des bourgeoisies. C’est pourquoi nous pensons qu’il est nécessaire d’organiser une confrontation dans le cadre d’un programme écosocialiste, qui affronte leurs plans de réarmement et lutte à tous les niveaux contre l’Europe du capital dans la perspective d’États-Unis d’Europe écosocialistes comme alternative à la barbarie actuelle.

Nous le ferons parce que nous sommes contre tous les impérialismes, contre l’OTAN des États-Unis version Biden et Trump, contre les bourgeoisies européennes militaristes et bellicistes, ainsi que contre Poutine et son régime impérialiste et tsariste, tous unis dans l’utilisation de leurs outils d’oppression pour maintenir leurs zones de domination ; tout comme nous n’avons aucune confiance dans les autres puissances capitalistes émergentes.

par Gippò Mukendi Ngandu

Nous entrons dans une nouvelle ère. Le retour de Trump à la Maison Blanche est si perturbateur qu’il provoque la crise historique des relations transatlantiques telles qu’elles se sont formées après la Seconde Guerre mondiale. La nouvelle administration républicaine et réactionnaire vise à exploiter la nouvelle situation de « chaos géopolitique » pour relancer le rôle des États-Unis d’Amérique par un tournant autoritaire, fondé sur l’alliance avec les grands capitalistes Hi-tech comme Elon Musk, et par une nouvelle politique étrangère qui met au centre l’intérêt national impérialiste.

Face à ce contexte inédit, les chefs d’État européens accélèrent leur course aux armements. Von der Leyen a promis 800 milliards pour l’UE, l’Allemagne a annoncé un plan titanesque de 900 milliards d’euros, en France une augmentation massive du budget de l’armée française à au moins 90 milliards par an est attendue, tandis que dans notre pays les dépenses prévues de 32 milliards augmenteront de manière exponentielle.

Le militarisme croissant est justifié par la propagande de guerre contre la « menace russe “ et la rhétorique sur les ” valeurs européennes “ et la ” démocratie ». La réalité est tout autre. En critiquant la brutalité de Trump, les puissances européennes, qui soutiennent le génocide à Gaza, agissent avec la même logique impérialiste que le dirigeant américain, c’est-à-dire qu’elles se préparent à défendre leurs intérêts et ceux de leurs entreprises avec des fusils et des canons.

Militarisme, nationalisme et montée de l’extrême droite réactionnaire

Cette course incessante aux armements ouvre la voie à un désastre pour les classes populaires, la jeunesse, l’environnement. Pour financer le réarmement et imposer leur agenda militariste, les gouvernements de l’UE se préparent à des attaques toujours plus brutales contre les conditions de vie des classes exploitées, à un recul des politiques de défense de l’environnement et à une remise en cause des droits démocratiques.

C’est précisément dans ce contexte que l’extrême droite réactionnaire progresse et, là où elle ne gagne pas, conditionne de plus en plus les classes dirigeantes bourgeoises, aux États-Unis comme en Italie, en Israël comme en Argentine, en Russie comme en Turquie, en Hongrie comme en Inde, en France comme en Allemagne. C’est une extrême droite qui ne cache pas sa « volonté de puissance », qui se moque même des formes typiques des démocraties libérales « bourgeoises » et qui fait de l’autoritarisme et de la centralité du chef le cœur de sa politique. Il s’agit d’une extrême droite de plus en plus courtisée par de vastes secteurs de la bourgeoisie, car elle la considère comme une solution politico-idéologique viable, capable de contrôler les mouvements de masse d’une main de fer, en imposant des ajustements et des expropriations brutales dans le but de récupérer les profits.

La rhétorique impérialiste agressive de Trump, visant la conquête du Groenland, la reprise du canal de Panama et l’annexion du Canada doit être interprétée dans le cadre de cette réorientation, même si elle se réfère à certains traits historiques de l’impérialisme américain classique comme la doctrine Monroe ou des présidences républicaines historiques comme celle de William McKinley, caractérisée par le protectionnisme et l’expansion territoriale des États-Unis (Porto Rico, Philippines…). La grande différence est que l’expansion impérialiste de McKinley a coïncidé avec le moment de la montée en puissance des États-Unis, alors que les menaces de Trump sont une certaine reconnaissance des limites de la puissance américaine et se produisent dans un contexte de déclin. La montée de Trump est, en fait, un symptôme d’une nouvelle situation internationale, dans laquelle nous assistons à l’émergence de la Chine en tant que puissance concurrente, de plus en plus orientée vers une alliance avec la Russie, ainsi qu’à l’émergence de puissances moyennes telles que la Turquie et d’autres pays du « Sud global » qui visent à influencer la dynamique régionale en fonction de leurs propres intérêts et qui ne constituent pas du tout une véritable alternative politique et sociale, comme le prétendent inconsidérément certains secteurs de la gauche radicale italienne et européenne. La lutte contre l’extrême droite ne peut qu’adopter un profil internationaliste, antimilitariste et solidaire.

Le bond historique du militarisme européen

La conséquence de cette crise est un saut massif dans le militarisme des gouvernements impérialistes européens, un virage qui avait déjà commencé avant la guerre d’Ukraine mais qui va encore s’approfondir. En justifiant l’« autonomie souveraine », la « défense de l’Ukraine » et le fantasme d’une invasion par l’« impérialisme russe » et le « nazisme de Poutine », les puissances européennes se préparent à se lancer dans une nouvelle course aux armements avec le soutien enthousiaste des conservateurs, des sociaux-démocrates, des verts, des « atlantistes » et des extrémistes de droite.

Gouvernements, entreprises, journalistes et médias répètent à l’unisson des slogans bellicistes qui rappellent les débuts tumultueux du XXe siècle. Il faut défendre l’Europe et ses valeurs, relancer l’industrie militaire, éduquer les écoles à « l’amour de la patrie » et former de nouvelles recrues pour étoffer les armées, voire rétablir le service militaire obligatoire. Les Scurati, les Serra, rejoints par la principale force d’opposition, le Parti démocrate, crient haut et fort que l’Europe est en danger, qu’elle est seule dans un monde hostile et qu’elle doit se réarmer. Tout est de la faute de Trump et de Poutine, pour qui les États-Unis ont abandonné l’Europe et la Russie a des ambitions expansionnistes.

Pourtant, le militarisme de l’UE est antérieur à la guerre en Ukraine.

Dans les années 1970, Ernest Mandel soulignait dans son livre fondateur, Late Capitalism , jamais publié en italien, la nécessité d’étudier « l’économie du réarmement permanent ». Il écrit : « Depuis les années 1930, la production d’armes a joué un rôle de plus en plus important dans l’économie impérialiste. Il n’y a pas l’ombre de quelques signes annonçant la fin de cette tendance. Elle constitue l’une des caractéristiques du troisième âge du capitalisme qu’il faut expliquer à partir du processus de développement socio-économique de ce même mode de production » [Ernest Mandel, Le troisième âge du capitalisme].

L’économie du réarmement permanent n’est pas terminée, même en Europe. Le plan ReArm Europe n’est pas né comme un champignon dans la forêt. Certes, au début de sa construction, l’absence de politique de défense commune a favorisé, dans un premier temps, l’image d’une UE comme espace pacifique, dépourvu d’impulsions militaristes qui appartenaient, au contraire, aux Etats-nations. Cependant, la militarisation des pays de l’UE a commencé bien avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, à partir de 2010. En effet, au sein des pays de l’OTAN, les dépenses militaires, principalement européennes, sont passées de 162 milliards d’euros en 2014 à 214 milliards d’euros en 2022, soit une augmentation vertigineuse de 32% .

L’augmentation des dépenses militaires a été très rapide, notamment dans les pays baltes et les pays d’Europe centrale et orientale (Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Pologne), tandis que certains pays concentrent l’essentiel des dépenses militaires de l’UE : Allemagne, France, Italie, Pologne et Pays-Bas). Ensemble, ces pays représentent 70 % des dépenses militaires de l’UE [Allemagne : 23,4 – France : 20,9 – Italie : 12,1 – Pologne : 6,6 – Pays-Bas : 6,2]. En ce qui concerne les armes sophistiquées, la France est en tête avec 71 % de la production européenne, suivie par l’Allemagne avec 22 %.

Le plan ReArm Europe

La Commission européenne (à l’exception du président hongrois, le « Trumpiste » Victor Orbán) a approuvé le plan « Rearm Europe » de 800 milliards d’euros, exemptant les dépenses militaires des États de la limite de déficit de 3 % du PIB (l’engagement d’austérité prévu par le Pacte de stabilité et de croissance). Le plan prévoit également des prêts collectifs à hauteur de 150 milliards d’euros pour les investissements militaires des États membres, ouvrant le financement militaire à l’investissement privé, entre autres mesures.

En Allemagne, le futur gouvernement de coalition entre les conservateurs (CDU) et les sociaux-démocrates (SPD) dirigé par F. Merz a annoncé un plan de réarmement monumental approuvé par le Bundestag et le Bundesrat – « la défense à tout prix » – impliquant des changements constitutionnels pour débloquer le plafond de la dette et l’allocation de milliards d’euros pour le financement de la défense. Au Bundesrat, le plan a également été approuvé par une majorité de membres de Die Linke de la chambre haute, ce qui a suscité une vive controverse.

Le gouvernement Meloni, qui oscille entre Trump et Von der Leyen, semble prudent. En effet, notre extrême droite avance sa propre proposition spécifique dans le débat sur le plan de réarmement : des fonds publics européens pour garantir les investissements privés dans la défense et l’innovation technologique. Il s’agit d’une proposition supplémentaire qui ajouterait un nouvel instrument à ceux déjà prévus dans le plan ReArm Europe défini par Ursula von der Leyen, dans le but d’encourager les entreprises européennes à investir davantage dans le secteur militaire.

L’Italie, en revanche, est déjà engagée dans une course au réarmement. Rappelons en effet qu’en 2025, les dépenses militaires s’élèveront à 32 milliards d’euros, dont 13 milliards pour les seules armes !

Un nouveau cycle de politiques d’austérité et la relance de l’impérialisme européen

Le réarmement et l’accroissement de l’industrie et du commerce de l’armement dans l’UE visent à augmenter le PIB des Etats membres et à rétablir le taux de profit des entreprises et des investisseurs. Ce réarmement va de pair, et il ne peut en être autrement, avec le renforcement de nouvelles politiques d’endettement qui préludent à un nouveau cycle d’austérité à moyen terme, générant l’imaginaire collectif d’une Europe menacée qui doit répondre selon les vieux paramètres de « l’unité patriotique ». L’UE – et avec elle notre gouvernement « progressiste » qui s’aligne sur l’aile droite représentée par Von der Leyen, Macron, Merz ou Mark Rutte – répond aux problèmes avec la même logique impérialiste que les États-Unis, la Chine ou la Russie. Comme l’écrit l’économiste Brancaccio, « à l’heure où la crise de la dette contraint l’empire américain à réduire sa zone d’influence et à accabler de devoirs ses vassaux, le problème des diplomaties européennes devient le suivant : concevoir un impérialisme autonome, capable d’accompagner la projection du capitalisme européen vers l’extérieur d’une puissance militaire autonome » [Le Manifeste, 13 mars 2025].

Ce sont ces industries d’armement, concentrées dans un petit nombre d’Etats membres, qui ont de plus en plus d’influence sur les choix stratégiques de la Commission.

Elles sont en effet situées en France, en Allemagne et en Italie et leur chiffre d’affaires est loin d’être négligeable. Selon les sources du Sipri (Stockholm International Peace Research Institute), si les groupes américains représentent 50 % du chiffre d’affaires total des 100 premières entreprises mondiales, les groupes européens en représentent 14 % et les groupes britanniques 7 %. Parmi les entreprises européennes, celle qui fait le plus d’affaires est Leonardo, tandis que la deuxième est Airbus, une entreprise franco-allemande. Cette poignée de quelques grands groupes européens domine la production et les commandes publiques dans les États membres et influence la stratégie de la Commission. Claude Serfati rappelle que « le soutien des grands groupes européens par les gouvernements nationaux leur a permis de créer de puissants canaux d’influence au niveau de l’UE (Commission, Parlement européen, etc.). Depuis les années 2000, les dirigeants des principaux groupes européens de défense sont présents dans les groupes de travail mis en place par la Commission. Ces dernières années, le lobbying auprès de la Commission et du Parlement s’est considérablement accru, en lien avec la militarisation de l’UE, même si les groupes de défense européens n’ont pas réussi à influencer la Commission ». [Claude Serfati, Un monde en guerres , Textuel, p. 180].

Si donc de forts contrastes et contradictions subsistent entre les différents pays européens, la guerre et les crises poussent l’UE vers une plus grande intégration militaire sous l’impulsion des entreprises militaires.

Avec le revirement actuel opéré par Donald Trump, la course aux armements est donc inévitable et doit nous inquiéter alors qu’au cours de l’histoire, toutes les courses aux armements en Europe se sont soldées par des tragédies et des massacres. Cette course aux armements sera financée en s’attaquant aux acquis sociaux et en liquidant ce qui reste de l’État-providence. Elle impliquera également des réductions des droits démocratiques et des politiques coûteuses pour l’extrême droite, comme la réintroduction du service militaire obligatoire dans certains pays, qui pourraient, dans l’ensemble, réactiver les luttes contre les réductions et les attaques des conditions de vie et les mouvements anti-guerre.

L’Europe forteresse et sécuritaire, partie intégrante du processus de militarisation

Les mesures répressives à l’encontre des migrants font partie intégrante du processus de militarisation en cours. Ce n’est pas un hasard si elles ont connu une croissance exponentielle ces dernières années. En une vingtaine d’années, le financement de l’UE aux pays de l’autre côté de la Méditerranée pour l’externalisation du contrôle et de la gestion des flux migratoires a atteint plus de 130 milliards d’euros. En 2021, Frontex, l’agence chargée du contrôle des flux migratoires en Méditerranée, a reçu un financement sans précédent de 5,6 milliards d’euros, qui sera couvert sur la période 2021-2027, soit une augmentation de 194 % par rapport au cycle budgétaire précédent. Ce financement comprend l’achat de nouvelles armes « létales et non létales ». Il sera difficile de distinguer les premières des secondes.

C’est ainsi que la politique migratoire jette une lumière beaucoup plus réaliste sur le comportement des pays européens que les déclarations de leurs dirigeants sur les « valeurs démocratiques » sur lesquelles reposerait l’intégration européenne.

Le vrai visage de l’Union européenne : l’Europe néocoloniale et raciste du Capital.

Quelle est la crédibilité de l’Union européenne en tant que bastion de la démocratie alors qu’elle n’a pas été capable de cesser de commercer des armes avec Israël alors que ce dernier commet un génocide contre le peuple palestinien ? Quelle crédibilité peut avoir la France qui a pillé et contrôlé l’économie de la plupart de ses anciennes colonies ? Quelle crédibilité peut avoir l’Italie qui défend bec et ongles les méchants tortionnaires qui empêchent les migrants d’atteindre les côtes italiennes ?

Si l’impérialisme classique justifiait ses interventions par la nécessité de civiliser les autres peuples en exportant les valeurs de la culture occidentale. L’impérialisme contemporain, à partir de la guerre d’Irak en 1990, a déclamé l’impératif humanitaire pour ses opérations militaires, les justifiant ainsi par l’objectif de renverser des gouvernements dictatoriaux.

Au fur et à mesure que le chaos géopolitique s’aggravait et que la confrontation inter-impérialiste s’intensifiait, ces objectifs n’ont pas disparu. Aujourd’hui, l’UE fonde sa rhétorique belliciste sur la paix et la démocratie. Ce n’est pas seulement répugnant, c’est aussi profondément fonctionnel pour un projet qui veut renforcer l’Europe coloniale et raciste du capital et qui alimente l’élan de l’extrême droite. Quel que soit leur mode de financement, les plans de réarmement de l’UE ne profiteront qu’aux grands capitalistes, aux marchands de mort qui se frottent déjà les mains de l’augmentation de la valeur de leurs actions. Quel que soit leur financement, les plans de réarmement s’accompagneront d’une restriction des droits politiques à l’intérieur des pays.

Dénoncer la fausse « pax trumpiste

Lutter contre la guerre, le militarisme et les impérialistes, c’est aussi dénoncer la fausse paix proposée par Trump. Le président américain réélu a radicalement changé la position de son pays sur la guerre en Ukraine. Les États-Unis sont passés de l’armement de l’Ukraine et des principaux alliés de l’OTAN à l’ouverture de négociations bilatérales de cessez-le-feu directement avec Vladimir Poutine, en excluant ses anciens alliés – les puissances européennes et Zelensky lui-même – des discussions.

Le message de Trump est catégorique et relève plutôt du chantage : soit Zelensky (et ses alliés européens) acceptent les conditions négociées par Poutine pour un cessez-le-feu, soit les États-Unis se retirent. Les négociations sont en cours, voire commencent à peine. Bien que les détails de la première réunion entre la Russie et les États-Unis à Riyad ne soient pas connus, tout accord entre les deux présuppose que l’Ukraine reconnaisse sa défaite, ce qui implique au minimum d’accepter la perte de 20 % du territoire occupé par les Russes (les quatre régions autonomes du Donbass plus la Crimée) ; et qu’elle se déclare neutre en renonçant à sa demande d’adhésion à l’OTAN (et à l’UE). Poutine, quant à lui, a posé comme condition la tenue d’élections en Ukraine sans Zelensky, préconisant son remplacement par un gouvernement pro-Kremlin.

En outre, Trump exige que Zelensky signe un accord pour l’exploitation des minéraux et des terres rares, en vertu duquel les États-Unis conserveraient la moitié de ces ressources à titre de compensation pour l’aide militaire reçue. Il convient de rappeler que c’est Zelenski lui-même qui, le premier, a proposé à Trump cette transaction pratiquement coloniale, espérant obtenir en retour une garantie de sécurité de la part des États-Unis, ce qui n’arrivera manifestement pas.

Le temps semble jouer en faveur de Poutine qui, avant d’accepter un cessez-le-feu, cherchera certainement à consolider et peut-être à étendre ses progrès sur le champ de bataille, et à garantir certaines « lignes rouges » pour le Kremlin, notamment la neutralité de l’Ukraine, qui comprend la démilitarisation de l’État ukrainien, une zone tampon et l’assurance qu’il n’y aura pas de troupes de l’OTAN.

Le sort de l’Ukraine, meurtrie par trois années de conflit, devient donc un butin disputé entre les États-Unis et la Russie, les puissances européennes réclamant, pour l’instant malencontreusement, leur part. L’autodétermination du peuple ukrainien ne peut s’affirmer à travers le faux plan de paix convenu entre Trump et Poutine, mais seulement à travers un vrai cessez-le-feu qui débouche sur la mise en place de vraies discussions impliquant tous les acteurs sur le terrain, à commencer par les Ukrainiens.

Pour une mobilisation européenne unie contre la militarisation en cours – Stop Rearm Europe !

Face aux nouveaux scénarios de plus en plus sombres, il est plus que jamais urgent de pousser à une mobilisation européenne unie contre la militarisation. C’est pourquoi nous adhérons avec une ferme conviction à l’appel « Stop Rearm Europe – welfare, not warfare », lancé entre autres par Transform Europe, le Transnational Institut, l’Arci et Attac Italia.

Nous le ferons en tant qu’internationalistes et éco-socialistes, en mettant au centre la bataille contre cette Europe néocoloniale et impérialiste du Capital, pour une autre Europe, celle nécessaire et indispensable que nous voulons, une Europe des travailleurs, solidaire, pacifique et antiraciste, mettant au centre l’autodétermination des peuples.

C’est précisément pour cette raison que nous le ferons, sans jamais oublier la solidarité anticoloniale avec des luttes telles que celle du peuple palestinien face au génocide sioniste, afin que l’autodétermination du peuple kurde et du Rojava soit reconnue. Il est clair que la classe dirigeante n’a d’autre plan que d’accélérer les crises ouvertes : un plan basé sur l’investissement dans les « moyens de destruction » de la vie et de la planète, pour défendre les intérêts des bourgeoisies. C’est pourquoi nous pensons qu’il est nécessaire d’organiser une confrontation dans le cadre d’un programme écosocialiste, qui affronte leurs plans de réarmement et lutte à tous les niveaux contre l’Europe du capital dans la perspective d’États-Unis d’Europe écosocialistes comme alternative à la barbarie actuelle.

Nous le ferons parce que nous sommes contre tous les impérialismes, contre l’OTAN des États-Unis version Biden et Trump, contre les bourgeoisies européennes militaristes et bellicistes, ainsi que contre Poutine et son régime impérialiste et tsariste, tous unis dans l’utilisation de leurs outils d’oppression pour maintenir leurs zones de domination ; tout comme nous n’avons aucune confiance dans les autres puissances capitalistes émergentes.